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MARIE-CLAUDE MARQUIS

Dernière mise à jour : 22 mai 2022

NOUS SERONS HIER

LIGNE 03 | ART | HIVER 2020

Texte | Dave Richard

Photos | Marie-Claude Marquis + Guillaume Shea Blais

 
 

Le présent d’aujourd’hui n’est au fond que le passé de demain. Et le passé d’aujourd’hui est lui aussi né du présent de quelqu’un. « Ne m’utilise pas, je suis brisée », nous dit l’une des petites assiettes de porcelaine réparée de dorure de l’artiste Marie-Claude Marquis. Les roses qui y sont peintes semblent vulnérables, touchantes et fragiles. « Que reste-t-il de nos amours ? » Les objets parlent, c’est maintenant une évidence. Et ils veulent qu’on les écoute.


« D’aussi loin que je me souvienne, ma vie a évolué autour de la création. Dès l’enfance, j’ai été grandement encouragée par mes parents à m’investir à fond dans mes projets artistiques », raconte Marie-Claude Marquis. « Quand le moment est venu de choisir un parcours scolaire, pour moi, ç’a été une évidence ; j’ai fait des études supérieures en arts visuels et en design graphique qui m’ont beaucoup stimulée. Par la suite, j’ai travaillé quelques années dans le domaine de la mode en tant que dessinatrice d’imprimés, avant de me consacrer à la création à temps plein, tout en continuant de faire des piges en illustration et en design. Depuis 2014, je présente mon travail en galeries. »


Surcyclage de haute voltige, chirurgie esth-antique, le travail de Marie-Claude Marquis métamorphose les articles banals d’un quotidien ancien en pièces contemporaines de galeries merveilleusement décomplexées. Elle puise dans le patrimoine décoratif du passé pour moderniser des porcelaines, des assiettes, des bibelots et des broderies, des trophées, des tapisseries, des images et autres babioles variées en leur accolant des réflexions parfois comiques, parfois pathétiques, parfois tristes, souvent poétiques au sujet de la vie, de l’amour, de la mort, dans toutes leurs nuances. Bien au-delà du maquillage nouveau ou de la réfection technique, c’est jusque dans l’esprit même de l’objet qu’elle le transforme, en lui donnant une parole et en le plaçant dans un contexte qui annule sa fonction : celui de l’art. Mariant, entre autres, iconographie, kitsch, culture et psycho pop, collage, design graphique et typographie, le résultat n’est pas sans rappeler le langage ultramoderne du meme et des réseaux sociaux.


« J’ai besoin de nouveauté, de variété pour rester créative ; c’est ce qui explique en partie ma démarche multidisciplinaire. Mon travail parle du souvenir, de la mémoire ; j’y exprime en même temps toute la gamme de mes émotions, avec humour, dérision, irrévérence parfois, et souvent une touche de féminité et une sensibilité colorée. J’affectionne particulièrement la réappropriation et la réinterprétation de vieux objets, dont je prolonge la vie par des interventions typographiques qui réduisent leur impact écologique et le mien. »

Représentée au Québec et en Ontario par la galerie Robertson Arès, Marie-Claude Marquis y présentera sa prochaine exposition solo au printemps 2021, à Montréal. Elle travaille aussi de façon ponctuelle avec différentes galeries ailleurs dans le monde. Cette année, l’artiste a présenté deux expositions solos : We Are All Kinda Fucked Up, à la galerie Recess de San Francisco, et Don’t Use Me I’m Broken, chez ThinkSpace, à Los Angeles. Elle a aussi participé à des expos de groupe chez Talon Gallery à Portland et Line Dot Edition, à Chicago. Dans les mois à venir, une vingtaine de ses pièces seront exposées à la Foire d’art SCOPE, qui a normalement lieu à Miami, mais dont la prochaine édition sera virtuelle. Elle participera aussi à une exposition groupée intitulée Lush chez Hashimoto Contemporary, à New York.


« J’ai longtemps eu de la difficulté à gérer la solitude qui accompagne les périodes de création intense, mais j’ai compris avec le temps qu’elle est nécessaire, et ça me permet d’apprendre à l’apprécier. Mon atelier se trouve à la maison, dans le Mile End ; une belle pièce ensoleillée avec balcon qui me permet de créer dans un environnement agréable et de vivre lentement. J’ai aussi un bureau sur le Plateau, qui sert d’entrepôt à ma compagnie d’accessoires et de papeterie Merci Bonsoir. C’est là que j’exécute les tâches plus salissantes de ma pratique. » Merci Bonsoir, c’est une collection de produits fonctionnels – sacs, cahiers, cartes de souhaits, tasses, macarons – qui use du même humour taquin et de la même finesse d’esprit de l’artiste et les rend accessibles au quotidien. (NDLR - Suite à la parution de l'article, une boutique physique Merci Bonsoir ouvrait le jour au 4037, Sainte-Catherine Est, à Montréal.)


« Ce qui reste constant dans ma démarche, c’est la volonté d’encourager le spectateur à s’exprimer, peu importe la façon, pour se libérer d’un poids qu’il porte souvent inconsciemment. »


En ces temps où le monde ne donne pas tous les jours le goût de rire, les coups de génie de Marie-Claude Marquis font du bien. Il y a quelque chose de rassurant dans son travail qui rappelle qu’on peut réinventer, transformer, transfigurer... Réparer, aussi, et tout dire, tout évacuer lorsqu’on le fait avec finesse, authenticité et un brin de dérision.


 

Sur Instagram @marimarki + @mercibonsoir


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