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OLIVIER ROBERGE

NATURES MINIATURES

LIGNE 07 | ART | HIVER 2022

Texte | Claire-Marine Beha

Photos | Geneviève Moreau + Olivier Roberge

 
 

Les œuvres d’Olivier Roberge sont de véritables écosystèmes à part entière, époustouflantes de détails et de technique. Mais ce qui frappe à première vue par son réalisme est aussi truffé de paradoxes. À travers ses dioramas, Roberge nous invite à explorer des paysages naturels et à y déceler des éléments fascinants qui reflètent plusieurs facettes de la condition humaine.


Depuis une dizaine d’années, l’ébéniste devenu artiste interprète la nature sous forme de miniatures à l’échelle 1:87, un format bien connu des amateurs de modélisme ferroviaire.


« En fait, je ne me soucie guère d’être très précis dans le respect de cette échelle. Je suis beaucoup plus intéressé par ce que le diorama peut raconter », confie-t-il.


Olivier Roberge fabrique des paysages captivants, souvent couverts d’une végétation dense où la présence humaine se laisse observer ou ressentir : un graffiti sur un rocher, un belvédère érigé pour observer la vue d’un sommet, des personnes qui font un feu, un homme qui boit une bière devant sa caravane... Chaque sculpture nous raconte une histoire sans jamais nous dévoiler l’entièreté des protagonistes, ni l’évolution de l’intrigue, ni l’époque dans laquelle elle se déroule. Le décor est planté, mais le récit se bâtit à travers l’imaginaire du spectateur.


« J’ai toujours aimé la formule « Il était une fois... » au début d’une histoire. J’aime pouvoir observer le monde à travers un potentiel narratif », déclarait l’artiste en 2020 dans une discussion avec le Centre d’artistes Caravansérail.

Il n’est pas étonnant d’apprendre qu’Olivier Roberge s’intéresse depuis toujours aux arts narratifs et notamment au théâtre de marionnettes pour adultes. Jeune, ce qu’il préférait, c’était admirer les maquettes dans les musées. De cette curiosité inhérente à l’enfance, il a conservé son envie d’interroger notre compréhension du monde et notre rapport à l’environnement. C’est pourquoi ses paysages sculpturaux – au-delà de leur caractère bucolique – regorgent de contradictions et d’étranges combinaisons.


Des tensions sont engendrées par la présence d’objets apparemment incompatibles, comme un monolithe aux couleurs de l’arc-en-ciel se trouvant à côté d’hommes des cavernes, ou encore une antenne géante de communication sur le toit d’une église, des panneaux publicitaires sur une montagne, une licorne... Olivier Roberge désire ainsi créer des contrastes, confronter des idées antagonistes et ouvrir le champ des possibles tout en donnant vie à des objets esthétiquement attrayants et percutants.

Selon l’éclairage, l’œuvre a également le potentiel de se transformer et de suggérer une tout autre lecture : c’est encore une fois une dualité intéressante (ombre-lumière) que nous propose l’artiste, une autre façon de brouiller les pistes entre le décor et le réel, le faux et le vrai.


« Le diorama, on le reconnaît pour ce qu’il est : une représentation. L’attitude que nous avons devant l’objet-maquette relève de l’émerveillement et touche une part d’enfance enfouie en nous, nous incitant à chercher de nouvelles perspectives et à révéler ce qui peut être dissimulé. Cela crée une ouverture chez le spectateur, qui l’aide à avoir une observation créative plutôt que statique », explique-t-il dans le cadre de sa récente exposition Transsubstantiation.

Cette invitation à la contemplation atteint son paroxysme avec l’impressionnante œuvre Hoc est corpus meum, une maquette monumentale qui submerge celui ou celle qui la regarde et transgresse complètement l’utilité primaire de représentation de la maquette. Ce n’est plus l’être humain qui surplombe l’allégorie du réel, mais bien l’inverse.


Pour ses futures miniatures, Olivier Roberge désire être « un peu plus trash ». « J’ai envie de me libérer de ce perfectionnisme très présent dans le monde du design et des métiers d’arts, dit-il. C’est d’ailleurs pour cela que je traite toujours les éléments architecturaux dans mes œuvres comme étant dépassés ou appartenant à une autre époque. »

Il mentionne être inspiré par l’artiste David Altmejd, qui mêle avec justesse virtuosité technique et une certaine vulgarité esthétique. C’est donc sans peine qu’on imagine Olivier Roberge développer son univers onirique singulier, qui parvient déjà à tisser des liens entre des éléments que tout oppose au premier regard.



 

Sur Instagram @oroberge

 


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