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CHAISE SOLAIR | FABIO FABIANO + MICHEL-ANGE PANZINI

Dernière mise à jour : 4 sept. 2023

DU MOTEL AU MUSÉE

LIGNE 05 | DESIGN | AUTOMNE 2021

Texte | Léonie Hottote

Photos | Maxime Brouillet [Projet Chambord] + Tristan Gevaux

 

Chaise Solair au Projet Chambord, conçu par Jérôme Lapierre architecte + Séquoia Construction.

 

Designers | Fabio Fabiano + Michel-Ange Panzini Réalisation | 1972

Matériaux | Polypropylène + Fer forgé peint Dimensions | 70,7 x 73 x 75 cm

Production | Saint-Damien, Qc


C’est sans doute grâce à son ajout dans la collection des Arts décoratifs du Musée national des beaux-arts du Québec en novembre 2007, par Paul Bourassa, que la chaise Solair suscite de nouveau un fort intérêt. Perçue jusqu’alors comme une pièce de mobilier banale, utilitaire, voire ordinaire, l’entrée au musée de cette

« chaise de motel » a permis à plusieurs de la redécouvrir, d’un œil plus attentif – et à la communauté du design de rendre à Solair ce qui revenait à Solair. Enfin !


L’histoire de la Solair est une histoire toute simple. Pendant les années 60, la firme québécoise de plastique IPL, qui orait un service de moulage par injection, produisait une chaise panier inspirée d’un modèle français, mais celle-ci n’était pas très confortable. Alors que plusieurs acheteurs exprimaient leur mécontentement au manufacturier, Julien Métivier, qui était à cette époque directeur des ventes de l’entreprise familiale, a demandé aux designers industriels Fabio Fabiano et Michel-Ange Panzini de concevoir une nouvelle chaise en polypropylène injecté, mieux dessinée, plus ergonomique, destinée à orner les devantures des motels nord-américains. Elle devait avoir un faible coût de production, résister aux intempéries, aux hivers québécois et exiger un minimum d’entretien. Structurellement, IPL imposait également aux concepteurs un piètement en fer forgé peint et une assise en plastique s’insérant dans un cerceau, un système déjà éprouvé par la chaise existante.


Chaise Solair au Projet Chambord, conçu par Jérôme Lapierre architecte + Séquoia Construction.


Le duo de designers avait préalablement conçu d’autres produits pour le fabricant de

Saint-Damien-de-Buckland dont, entre autres, un range-couverts et un pichet pouvant contenir un sac de lait. La collaboration entre Fabiano et Panizi n’a, malgré tout, été que de courte durée ; après avoir étudié ensemble le design industriel à l’Université de Syracuse, dans l’État de New York, les deux Montréalais d’origine italienne avaient démarré leur firme, mais à la suite de l’Expo 67, le design industriel traversait une période difficile au Québec et Fabio Fabiano décidait en 1973 de retourner vivre en Italie. La chaise Solair reste donc leur dernière collaboration.

C’est d’ailleurs en un seul week-end de 1972 que les deux designers ont conçu cette chaise iconique. Pour répondre aux exigences d’IPL, Fabiano et Panzini ont modifié le précédent piètement, en arquant les éléments de fer, afin de permettre un meilleur dégagement au niveau des pieds des utilisateurs. Sa coquille ajourée sert à la fois à limiter la quantité de plastique nécessaire à sa fabrication, à réduire son coût, à laisser filtrer l’eau de pluie, ainsi qu’à offrir plus de souplesse à la matière ; cette malléabilité augmente considérablement son confort, peu importe la morphologie de l’utilisateur.

Considérant sa solidité, son confort et sa simplicité de fabrication, on comprend bien qu’il s’agit d’un excellent produit. Son allure joyeuse, invitante, sa forme typique et sa disponibilité en de multiples couleurs vives la rendent d’autant plus attrayante. Son seul défaut : il est impossible d’empiler plusieurs chaises sans séparer les coquilles de leurs piètements.

Après avoir été produite par IPL pendant des années, vendue dans les magasins Sears, dans les années 70, après avoir été étalée en façade d’une multitude de motels partout à travers le monde, la production de la Solair est passée entre les mains des Industries Émile Lachance (IEL), une autre manufacture de la région de Bellechasse. À partir des années 1990, les ventes de chaises Solair se sont mises à décliner considérablement ; la manufacture en est donc venue progressivement à ne produire que des coquilles de remplacement.


Chaise Solair au Projet Chambord, conçu par Jérôme Lapierre architecte + Séquoia Construction.

Toutefois, à l’approche des années 2010, au moment où elle joignait la collection nationale des beaux-arts, un nouvel engouement à son égard s’est fait sentir, cette fois-ci par les réseaux sociaux. IEL a donc décidé de relancer la production, allant jusqu’à en fabriquer entre 5000 et 10 000 exemplaires chaque année. Le retour de la Solair a d’abord envahi le marché canadien avant de s’étendre internationalement.

Il est heureux que cette chaise modeste, ayant marqué les esprits dans les années 1970, retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse. Devenue une véritable icône du design industriel québécois, son utilisation dépasse maintenant largement sa vocation initiale. On la retrouve désormais dans toutes sortes de contextes : projets résidentiels, commerciaux, publics, luxueux ou plus modestes. Sans nécessairement la savoir de production locale, très peu de Québécois peuvent nier connaître cette chaise mythique, qu’elle soit pour eux un souvenir ou une pièce de mobilier du quotidien.



 

INDUSTRIES ÉMILE LACHANCE



Sur Facebook @IEL.Lachance

 










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