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BERTHE WEILL : GALERISTE DE L’AVANT-GARDE PARISIENNE | MBAM

DÉCOUVREUSE REDÉCOUVERTE

INTERLIGNE | EXPOSITION | JUIN 2025

Texte | Communiqué + Dave Richard

Photos + Vidéo | Gracieusement fournies par le Musée des Beaux-Arts de Montréal

Vue de l’exposition Berthe Weill, galeriste de l’avant-garde parisienne. © Succession Picasso / CARCC Ottawa 2025. Photo MBAM, Denis Farley.


En exclusivité canadienne, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) consacre une exposition majeure à Berthe Weill, figure essentielle, mais longtemps négligée de l’histoire de l’art moderne. Présentée jusqu’au 7 septembre, « Berthe Weill, galeriste de l’avant-garde parisienne » répare un oubli historique et interroge nos manières de transmettre et de hiérarchiser la culture visuelle.


Longtemps reléguée à l’ombre, Berthe Weill (1865–1951) réapparaît à travers cette exposition d’envergure. Première à vendre des œuvres de Picasso, à exposer Matisse, Delaunay, avant même leur consécration, elle a pourtant été écartée des récits officiels, contrairement à ses homologues masculins, tels que Vollard, Kahnweiler ou Durand-Ruel. Ce retour en lumière dépasse l’hommage : c’est une mise au point.


Georges Kars (1882-1945), Dans le salon de peinture, 1933. Collection particulière. Photo | Jana Hojstričova.


De 1901 à 1941, depuis sa modeste galerie du bas Montmartre, Weill a mené un combat esthétique et social. Elle misait sur des artistes inconnus, refusait les diktats du marché et défendait avec ardeur les artistes femmes.


« Sa galerie n’était pas un simple lieu d’exposition. C’était un laboratoire, un lieu de rencontres, de débats, de frictions. Les femmes y étaient visibles, et elle insistait pour que leurs œuvres soient prises au sérieux – à une époque où la légitimation passait par des circuits quasi exclusivement masculins. C’est chez elle que les lignes de fracture du modernisme ont émergé. Elle avait un œil radical, une intuition inouïe », rappelle Anne Grace, conservatrice de l’art moderne au MBAM et commissaire de l’exposition.


Pablo Picasso (1881-1973), Nature morte, 1901. Barcelone, Museu Picasso. © Succession Picasso / CARCC Ottawa 2025. Photo © Museu Picasso de Barcelona + Suzanne Valadon (1865-1938), Nu à la couverture rayée ou Gilberte nue assise sur un lit, 1922. CC0 Paris Musées / Musée d’art moderne de Paris + Robert Delaunay (1885-1941), Paysage aux vaches, 1906. Musée d’art moderne de Paris, donation Henry-Thomas en 1984. CC0 Paris Musées / Musée d’art moderne de Paris + André Derain (1880-1954), Paysage au bord de la mer : la Côte d’Azur près d’Agay, 1905. Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada, acheté en 1952. Photo MBAC + Émilie Charmy (1878-1974), Nature morte aux grenades, vers 1904. MBAM, don de l’Indivision Bouche. © Émilie Charmy, ADAGP, Paris / CARCC Ottawa 2025. Photo MBAM, Jean-François Brière + Amedeo Modigliani (1884-1920), Nu au collier de corail, 1917. Oberlin (Ohio), Allen Memorial Art Museum, don de Joseph et Enid Bissett. Photo © Allen Memorial Art Museum / Bridgeman Images + Diego Rivera (1886-1957), Tour Eiffel, 1914. Collection particulière. © Banco de México Diego Rivera Frida Kahlo Museums Trust, Mexico, D.F. / Artists Rights Society (ARS), New York / CARCC Ottawa 2025.


Elle fut également la seule à organiser, de son vivant, une exposition personnelle de Modigliani. « Elle soutenait des artistes sans réseau, achetait leurs œuvres, les exposait et les défendait seule — parfois au prix de la survie de sa galerie », souligne Marianne Le Morvan, historienne de l’art et fondatrice des archives Berthe Weill, également commissaire invitée.


Émilie Charmy (1878-1974), Portrait de Berthe Weill, 1910-1914. MBAM, achat, legs Horsley et Annie Townsend. © Émilie Charmy, ADAGP, Paris / CARCC Ottawa 2025. Photo MBAM, Julie Ciot.

L’exposition rassemble plus de cent œuvres issues de grandes collections européennes et nord-américaines, accompagnées d’archives, de lettres et de cartons d’invitation. Ce n’est pas une rétrospective traditionnelle, mais une prise de position. La scénographie, fidèle à l’échelle réduite — mais vibrante — de la Galerie B. Weill, évoque un lieu où l’avant-garde prenait corps.


« Nous voulions restituer au mieux ses quarante ans d'activité dans un lieu aussi restreint qu'était le sien, pour montrer que les grands bouleversements artistiques se jouent aussi dans les marges, à travers des gestes discrets, mais décisifs », ajoute Anne Grace.


Marc Vaux (1895-1971), Vue de l’exposition de Georges Kars à la Galerie B. Weill, 1928. Collection Nadine Nieszawer + Carton d’invitation pour une exposition de groupe à la Galerie B. Weill, 1929. Collection Marianne Le Morvan. Photo © Musée d’Orsay / Allison Bellido Espichan + Marc Vaux (1895-1971), Bal costumé pour les 30 ans de la Galerie B. Weill (Berthe Weill assise au centre, en smoking), 13 décembre 1931. Collection Marianne Le Morvan, don de Jeanine Warnod.


Ce projet correspond à l’engagement pris par le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) de repenser sa manière d’exposer. Il vise désormais non seulement à présenter, mais aussi à reconsidérer les récits qu’il partage, en mettant au jour ses angles morts. Après Parall(elles) ou Marisol, l’exposition consacrée à Berthe Weill marque une nouvelle étape dans cette entreprise critique, portée par des commissaires engagées à revisiter l’histoire avec rigueur et sensibilité.


Le parcours de Weill rappelle l’urgence de rompre avec une lecture linéaire du passé, d’ouvrir des brèches pour que les voix écartées puissent réapparaître. Sa galerie n’était pas un lieu figé : c’était un foyer d’influence, un terrain de résistance, une utopie concrète où design, architecture et scénographie étaient au service d’un seul objectif : faire émerger du neuf.


Vue de l’exposition Berthe Weill, galeriste de l’avant-garde parisienne. © Succession Picasso / CARCC Ottawa 2025. Photo MBAM, Denis Farley + Vue de l’exposition Berthe Weill, galeriste de l’avant-garde parisienne. © Émilie Charmy, ADAGP, Paris / CARCC Ottawa 2025. Photo MBAM, Denis Farley + Vue de l’exposition Berthe Weill, galeriste de l’avant-garde parisienne. Photo MBAM, Denis Farley + Vue de l’exposition Berthe Weill, galeriste de l’avant-garde parisienne. © Émilie Charmy, ADAGP, Paris / CARCC Ottawa 2025. Photo MBAM, Denis Farley + Vue de l’exposition Berthe Weill, galeriste de l’avant-garde parisienne. © Succession Picasso / CARCC Ottawa 2025. Photo MBAM, Denis Farley.


À travers cette exposition, le MBAM poursuit sa volonté de reconfigurer les récits artistiques, de remettre en lumière des créatrices oubliées et de poser un regard critique sur les hiérarchies culturelles. Weill n’est plus une note en bas de page. Elle est, enfin, le début d’un chapitre. Mais combien d’autres attendent encore qu’on les relise ? Et qui, demain, saura les faire parler ?




BERTHE WEILL, GALERISTE DE L’AVANT-GARDE PARISIENNE

Jusqu'au 7 septembre 2025


Crédits | Musée des beaux-arts de Montréal + Grey Art Museum (New York University) + Musée de l’Orangerie (Paris)

Commissariat | Anne Grace + Marianne Le Morvan + Lynn Gumpert + Sophie Eloy


MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL

1380 Sherbrooke Ouest

Montréal, Qc

H3G 1J5

T. 514 285-2000



Sur Instagram @mbamtl

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