Principal : Révélateurs d’identités

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Texte
Dave Richard
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Principal, Justine Latour et Christophe Roberge
Chez Ligne, nous savions depuis longtemps qu’au moment de repenser notre image de marque, nous voudrions le faire avec Principal. C’était une collaboration qui allait de soi. Fondé en 2013, le studio s’est rapidement imposé dans le paysage créatif québécois grâce à des réalisations marquantes. Projet après projet, Principal crée des univers visuels capables de traverser le temps et de bousculer les formats, rappelant que le design ne se résume pas à une question de style : il doit rester utile, durable et porteur de sens. Son approche, à la fois précise, poétique et sensible, résonne tout naturellement avec les valeurs de Ligne.
En 2024, après douze numéros et cinq années d’existence, il est devenu évident que Ligne devait se réinventer. Au fil du temps, le magazine avait pris l’allure d’un média à part entière. Son site web, devenu trop lourd, ne répondait plus aux besoins croissants : l’abonnement n’y était pas intégré, la boutique demeurait limitée et la plateforme accueillait difficilement de nouveaux formats. Parallèlement, l’identité visuelle ne reflétait plus la maturité atteinte ni la richesse du contenu éditorial. Il fallait repenser l’ensemble : moderniser l’expérience numérique, redéfinir la ligne éditoriale et offrir une présence à la hauteur de la vision et de la vitalité de Ligne.
« Nous ne voulions pas d’une transformation qui nous éloigne de ce que nous sommes, mais d’une identité visuelle qui nous permette d’aller plus loin », explique Mathieu Jacques Bourgault, directeur de Ligne. « Principal a tout de suite compris qu’il fallait resserrer les liens entre le magazine, le site web, les réseaux sociaux et le projet de vitrine collective que nous développons avec la boutique LOVACO — tout en ouvrant la voie à ce qui viendra dans l’avenir. Le travail de l’équipe a apporté une clarté nouvelle, une chaleur qui manquait peut-être à notre univers, et surtout une façon plus fluide de présenter notre contenu à nos lecteurs. »
Depuis ses débuts, Principal collabore avec des marques appréciées de tous, avec une volonté constante de clarifier, d’unifier et de donner du sens. Pour Lambert & Fils, le studio a conçu une typographie sur mesure et un système graphique qui modernisent l’image de la marque tout en respectant son héritage artisanal. Avec C Magazine, revue d’art contemporain, il a trouvé un équilibre subtil entre exigence critique et clarté visuelle. Avec la firme d’architecture La Shed, dont les projets ont souvent été mis en lumière dans nos pages, Principal a su sublimer leur travail à travers un site web épuré qui exprime pleinement la proposition de valeur de la firme. Dans ces trois exemples, tout comme pour le magazine Ligne, la mise en valeur du contenu demeure le fil conducteur.
S’il est aujourd’hui aussi simple et agréable de se déplacer en BIXI, c’est en partie grâce à Principal. Le studio a été mandaté pour repenser l’ensemble du parcours usager : des interfaces de l’application mobile aux pictogrammes des vélos, en passant par les campagnes d’affichage. L’objectif, faire évoluer le produit vers un véritable service de transport collectif et renforcer l’attachement citoyen à la marque.
« Le travail des designers passe souvent inaperçu. Lorsqu’il est réussi, il s’efface pour mieux orienter le regard. », explique Mathieu Cournoyer, associé et cofondateur. « On commence toujours par observer et analyser ce qui existe déjà. Un bon projet ne naît pas d’un geste spectaculaire, mais d’un travail patient : organiser, donner du sens. On ne cherche pas à imposer un style, mais à trouver la forme qui émane du contexte. L’objectif, c’est que chaque identité puisse durer, qu’elle reste vivante et juste, même plusieurs années plus tard. »
Cette philosophie se reflète dans la façon dont Principal travaille avec ses clients. Chaque mandat devient une conversation : un espace d’écoute, d’ajustement et de recherche commune. Le design naît de cette relation, du temps passé à comprendre ce qui définit un projet, sa voix, son souffle. Plutôt qu’un processus figé, la création devient un dialogue attentif où se façonnent des outils sur mesure — typographies, systèmes visuels, architectures éditoriales — qui prolongent naturellement la personnalité de ceux qu’ils accompagnent.
C’est dans cette approche patiente et sensible que se construit la justesse : une identité qui parle vrai, qui respire au rythme de ceux qu’elle représente.
« La refonte s’est vraiment faite dans un dialogue constant », raconte Dave Richard, éditeur de Ligne. « Chaque étape du processus nous amenait à repenser non seulement notre image, mais aussi la manière dont nous racontons notre contenu. La typographie, les couleurs, la grille, tout a été pensé comme un prolongement de notre ton éditorial. Nous voulions que chaque lecture, chaque publication, chaque interaction porte la même voix, le même souffle. »
Ce travail visait avant tout à rendre cette voix plus humaine et plus reconnaissable. Ligne souhaitait que son univers visuel prolonge ce qu’elle exprime dans ses pages : la curiosité, la clarté, la chaleur. Avec Principal, cette intention a pris forme dans la matérialité même du design : typographie, couleur, hiérarchie et rythme sont devenus de véritables moyens d’expression, capables de traduire l’esprit du magazine dans chaque détail.
« La typographie et la couleur, pour nous, ce sont des voix », explique Bryan K. Lamonde, directeur de création et associé chez Principal. « On les choisit pour ce qu’elles expriment, pas parce qu’elles sont tendance. Pour Ligne, nous avons opté pour deux typographies complémentaires : l’une plus structurée et rationnelle, qui assure la clarté ; l’autre plus expressive, qui apporte du caractère et du relief au contenu. Ensemble, elles créent un dialogue entre rigueur et sensibilité. Quant à la couleur, elle vient donner du rythme et de la vie, comme une ponctuation visuelle — présente sans être décorative, expressive sans devenir bavarde. »
Après avoir défini la voix de Ligne à travers la typographie et la couleur, il restait à lui donner une forme. L’équipe de Principal a abordé cette étape comme une continuité naturelle : prolonger le souffle du magazine dans un signe capable d’incarner ce qu’il est devenu — à la fois ancré et mouvant, précis et vivant.
« L’ancien logo de Ligne relevait davantage de l’évocation que de l’identité », explique Éloïse Carrier, directrice artistique et designer graphique chez Principal. « Il illustrait le mot plus qu’il ne le représentait. C’était un geste conceptuel, une interprétation du mot “ligne”, presque une image de ce qu’il voulait dire, mais pas encore un véritable logo. Avec le temps, cette approche a montré ses limites : elle manquait de stabilité, de constance, de ce cadre qui permet à une marque de se déployer. Nous avons voulu aller plus loin, transformer cette idée en une signature à part entière. Le nouveau logo est plus affirmé, plus ancré, plus assuré. Il assume sa présence sans perdre sa sobriété. Chaque lettre a été redessinée pour trouver une structure claire et équilibrée. L’objectif était simple : créer une forme capable de traverser le temps, à la fois précise et intemporelle, à l’image de Ligne aujourd’hui. »
Dans le prolongement de ce travail, Principal a porté la même attention au déploiement numérique de Ligne. L’identité, d’abord pensée comme une structure stable, devait maintenant trouver son mouvement. Sur le web, la marque s’anime : elle se déploie, s’ouvre à de nouvelles formes de lecture et d’interaction. Le site est devenu l’espace où cette vision prend vie, où les principes visuels s’incarnent dans une expérience fluide et chaleureuse, fidèle à l’esprit du magazine.
« Le nouveau site a été conçu pour refléter l’esprit de Ligne : clair, fluide et vivant », explique Bruno Cloutier, directeur de création numérique et associé chez Principal. « Nous avons simplifié les parcours, affiné la hiérarchie du contenu et créé une interface plus intuitive, où la lecture devient une expérience aussi agréable que sur papier. Chaque élément — typographie, couleur, mouvement — participe à cette continuité entre le magazine, la boutique et les contenus numériques. L’objectif, c’était de construire une plateforme souple, capable d’accueillir de nouveaux formats et de faire respirer l’univers de Ligne sur tous les écrans. »
Cette rigueur sensible se prolonge jusque dans le magazine papier, où l’identité de Ligne prend toute sa dimension matérielle. Pour Principal, il ne s’agissait pas seulement de repenser une mise en page, mais de créer une véritable expérience physique — celle d’un objet que l’on a envie de garder, de collectionner, de feuilleter encore. Odeur, texture, toucher : tout concourt à faire du papier l’expression la plus tangible de l’univers de Ligne, un espace où le design devient présence, et chaque détail, une invitation à une expérience à la fois sensible et durable.
À travers ce projet, Principal démontre toute l’étendue de sa démarche : une vision à la fois stratégique et poétique, où chaque médium devient un terrain d’expression pour une même idée — donner sens, forme et vie aux marques qu’il accompagne. Partenaire stratégique et interprète sensible, le studio s’impose aujourd’hui comme l’un des plus importants de sa génération. Sa collaboration avec Ligne illustre à quel point son équipe sait conjuguer rigueur et poésie, ancrage local et ouverture universelle. En clarifiant le message et en donnant corps à l’identité de marques qui comptent, Principal les aide à s’inscrire dans le temps, à se déployer et à rayonner. En les rendant plus fortes, il contribue aussi à façonner notre paysage intérieur — celui de la culture, de la mémoire et de l’imaginaire collectif.
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